[presse] The End

 

 De beaux souvenirs

Article de Lucas Tanguy, La mare aux mots, 24 mai 2024


Article sur la revue en ligne la Littérature Enfantine
De Chloé Séguret, paru le 28 mai 2024

On devine les soirées en famille devant le western (la dernière séance peut-être?), et le regard d’un enfant qui, tout à la joie de décoder les lettres qui s’affichent à l’écran prononce à voix haute
« Te And ». Maman corrige: Ziiii èèènde, mais c’est assez mystérieux aussi. The hand?

A ce souvenir d’enfance s’en ajoutent d’autres, ceux d’une grand-mère aimée, du bruit de sa machine à coudre qui ressemble tant au galop des chevaux dans la petite lucarne. Le matériel de couture se mêle aux figurines de cow-boys et aux petites voitures. Le papier à patron fait un bon terrain de jeu. Petit à petit, l’enfant narrateur comprend qu’il y a un caractère définitif dans « The end » et l’enfant à qui on lit le livre devine la disparition de la grand-mère représentée ici.

L’autrice tisse son histoire dans les blancs, les non-dits, l’ellipse.

Elle évoque plus qu’elle ne raconte, à nous de bosser un petit peu, de remplir les vides, de faire appel à nos propres souvenirs ou à nos capacités d’interprétation. Une maison au nom évocateur, un « nous » qui laisse deviner des cousins, des gamins qui jouent en bande, et la mémoire chancelante de la grand-mère il y a à la fois de l’intime et de l’universel dans ces pages.

On ressent une nostalgie joyeuse, une tristesse légère, comme une plume. Cette ambiguïté des sentiments se retrouve dans les choix chromatiques: ombre et lumière, fusain et toile cirée au jaune rayonnant.

Les émotions sont effleurées avec délicatesse, les petits lecteurs invités à éprouver plus qu’à analyser. Ils font alors l’expérience de la littérature, qui se ressent plus qu’elle ne s’explique.

 


 

Article de la revue Lu et Partagé, juin 2024

 

 


 

Des avis de lecteurs sur Babelio

"L'autrice fait partie de cette génération d'enfants qui ont grandi alors que le western était un genre phare, LE film à regarder en famille lorsqu'il en passait un à la télévision. Les mots mystérieux "The end" qui en marquaient la fin l'ont intriguée, fascinée, jusqu'à ce qu'elle en comprenne le sens, et au moment où elle se remémore sa grand-mère, ce sont ces mots qui ressurgissent, avec leur cortège de cow-boys et d'Indiens crayonnés. Leur sonorité proche de "the hand" est l'occasion de faire le lien avec les mains expertes de cette grand-mère couturière, dont les tissus aux noms sibyllins entraînaient l'enfant dans des contrées imaginaires. Une grand-mère qui mentionnait les Américains en évoquant la guerre, se parant de l'aura d'avoir côtoyé les cow-boys.

"The end" est un album mêlant plusieurs techniques graphiques pour faire ressurgir en quelques pages et peu de mots une époque et une grand-mère aimée. La couverture elle-même est un condensé de l'album, évoquant à la fois l'enfance par ces grands carreaux qui rappellent les serviettes de tables et l'étiquette qu'on cousait sur les vêtements des enfants pour les marquer à leurs noms, la couture par l'élégante broderie du titre, l'univers du western dessiné au crayon de couleurs. Au fil de ces quelques pages, l'autrice tisse un portrait en creux de l'enfant qu'elle a été en même temps qu'elle évoque sa grand-mère, dont trois photographies sont enchâssées dans un décor de tissus et de silhouettes crayonnées."